Semur-en-Auxois (Gabrielle Suchon)

Gabrielle
Suchon

Gabrielle Suchon (1631-1703) est une philosophe française.

Née en Semur-en-Auxois (Bourgogne) et issue d’une famille de notables locaux (son père était procureur du roi), un certain mystère plane toujours sur l’éducation qu’elle a pu recevoir. Au vu des nombreuses autorités qu’elle cite dans ses ouvrages, il est probable qu’elle ait eu accès aux Écritures, à quelques auteurs contemporains – tel que Poulain de la Barre – et à quelques ouvrages classiques de littérature et de philosophie. À un moment indéterminé de sa vie, Suchon fut cloîtrée de force par sa famille en vue de devenir sœur dominicaine. Selon l’abbé Philibert Papillon, auteur d’une encyclopédie sur les auteurs de Bourgogne, Suchon réussit à faire révoquer ses vœux par le Pape lui-même en voyageant seule de la France à l’Italie. Toujours selon Papillon, Suchon n’aurait pas été bien reçue par sa famille à son retour. En fait, la famille de Suchon aurait même fait appel du jugement auprès du gouvernement de Dijon afin de forcer Suchon à retourner au cloître, mais celle-ci aurait refusé de se plier à ce souhait. Elle aurait plutôt choisi de demeurer célibataire hors du cloître pour le restant de ses jours, se consacrant à la lecture, à l’enseignement et l’éducation d’enfants. Ce récit du rapport de Suchon à la vie religieuse a été abondamment relayé. Cependant, selon Sonia Bertolini (2000), aucune source primaire ou document officiel n’a encore confirmé ce récit. Au contraire, toujours selon Bertolini, les quelques documents officiels qui ont été découverts révèlent seulement que Suchon a été transférée du cloître de Semur-en-Auxois à un autre cloître à Langres. Il est ainsi loin d’être certain que Suchon ait réussi à se construire une vie loin de l’oppression des institutions de l’Église.

Suchon est l’auteure de deux ouvrages. En 1693, elle publia son Traité de la morale et de la politique divisé en trois parties, savoir, la liberté, la science et l’autorité, où l’on voit que les personnes du sexe, pour en être privées, ne laissent pas d’avoir une capacité naturelle, qui les en peut rendre participantesavec unPetit traité de la faiblesse, de la légèreté et de l’inconstance qu’on attribue aux femmes mal à propos, un ouvrage dont le titre est communément abrégé en Traité de la morale et de la politique. Suchon composa aussi Du célibat volontaire, ou La vie sans engagement (1700). Les deux ouvrages portent sur la situation des femmes de son époque, dénonçant les contraintes injustes que leur imposent les hommes afin de maintenir leur supériorité et proposant une solution alternative au mariage et au cloître : le célibat volontaire.

Les ouvrages de Suchon ne sont pas passés complètement inaperçus à son époque. En effet, Bertoloni souligne que son Traité de la Morale et de la Politique a très probablement été réédité et que le Célibat Volontaire, ou La vie sans engagement a été mentionné dans deux revues savantes, Le Journal des Savantset Nouvelles de la République des Lettres.

Suchon est morte à Dijon en 1703.

 

Bertolini, Sonia. « Gabrielle Suchon: Une Vie Sans Engagement? ». Dans Australian Journal of French Studies. 37.3 (2000): 289-308. Imprimé.

Le Doeuff, Michele. « Suchon, Gabrielle (1631–1703) ». DansRoutledge Encyclopedia of Philosophy 1998. (Accédé le 8 juillet 2016). < https://www.rep.routledge.com/articles/suchon-gabrielle-1631-1703/v-1/. doi:10.4324/9780415249126-DA080-1>

Papillon, Philibert. « Gabrielle Suchon ». Bibliothèque des Auteurs de Bourgogne. Vol.2. Dijon: François Desventes, 1745. Imprimé.